Cette thèse s'inscrit dans le cadre du projet IRMA. Elle présente une étude in vivo des relations entre l'évolution de l'état d'engraissement des brebis laitières, la population bactérienne ruminale et le métabolisme ruminal des acides gras sur la période du péri-partum. C'est une phase peu étudiée chez les ovins et une période de transition particulière pour la brebis et son microbiote ruminal, se caractérisant par un déficit énergétique. Les données recueillies s'appuient sur le troupeau de race Lacaune de la station expérimentale de Lafage, dans le bassin de Roquefort. Le microbiote ruminal, les NEC et les prélèvements sanguins ont été étudiés pendant le mois d'allaitement-traite, sur 4 dates successives. Les résultats des analyses menées ont révélé que le statut énergétique des brebis laitières n'est que faiblement influencé par le microbiote ruminal. Néanmoins, certains taxons bactériens ont été identifiés et associés à un niveau de lipomobilisation, ouvrant la voie à de nouvelles investigations.[-]

Des protocoles d'évaluation du bien-être en élevage ont été mis en place chez plusieurs espèces dont le mouton, néanmoins l'auto-évaluation du bien-être animal est beaucoup moins étudiée. Ce travail vient compléter un projet plus vaste d'étude de l'évaluation du bien-être animal : le protocole d'Évaluation du Bien-être des Brebis Laitières (EBBEL). L'objectif de ce travail est de proposer un protocole d'auto-évaluation du bien-être des brebis laitières. Différents indicateurs de bien-être, contemplant les cinq libertés fondamentales : absence de faim ou de soif ou de malnutrition, absence d'inconfort physique ou climatique, absence de douleur, de blessure ou de maladie, expression de comportements normaux et absence de peur et d'anxiété, ont été analysés. Ces indicateurs sont mesurés directement sur les animaux ou l'environnement et grâce aux relevés d'élevage. Pour ce faire, les protocoles d'auto-évaluation mis en place chez d'autres espèces ont été étudiés et adaptés pour les brebis laitières. Une liste des indicateurs retenus est ainsi proposée ainsi que des fiches d'auto-évaluation qui reprennent les indicateurs à mesurer, la méthode d'évaluation, la fréquence, la façon de prendre les mesures ainsi que les échelles utilisées. Les données du protocole EBBEL fournissent les valeurs d'objectif, de seuil d'alerte et d'alarme au sein de la population et permettent une interprétation des résultats d'un élevage. Ainsi, après avoir réalisé l'évaluation de son élevage et comparé ses résultats aux valeurs seuils, l'éleveur a une vision claire de la situation de son élevage et peut prioriser des mesures d'amélioration du bien-être en lien avec son vétérinaire.[-]

La qualité du lait des brebis laitières est une donnée importante pour les éleveurs d'ovins laitiers car, en France, elle conditionne leur rémunération par la laiterie. Le but de cette thèse était : 1) créer un score global de bien-être des brebis laitières pour compléter le protocole d'Évaluation du Bien-être des Brebis Laitières dans le bassin du Roquefort (EBBEL) afin de comparer les élevages entre eux et à l'élevage idéal en termes de bien-être ; 2) analyser le lien entre le niveau global de bien-être à l'échelle du troupeau et la qualité du lait de tank avec comme hypothèse d'étude, qu'un meilleur niveau de bien-être animal (BEA) entraine une meilleure qualité du lait. Ce travail est basé sur l'étude des données EBBEL de 81 élevages de brebis laitières de race Lacaune vendant leur lait de tank à une même laiterie, qui a fourni les données de la qualité du lait (taux de staphylocoques, taux de coliformes, comptage cellulaire de tank [CCT], taux des spores butyriques, présence de salmonelles). Pour le premier objectif de cette thèse, neuf experts ont défini l'élevage idéal en termes de BEA, ce qui a constitué la base du score de BEA. Celui-ci a été fondé sur un système de points et de bonus/malus et pouvait varier entre – 45 et 52. Appliqué aux 81 élevages de la base de données EBBEL, les scores obtenus se répartissaient entre – 6 et 43 et 84 % des élevages étaient situés dans la moitié supérieure des scores possibles. Ces résultats montrent une bonne maitrise et une faible variabilité du BEA dans le bassin du Roquefort mais une marge de progression est visible puisqu'aucun élevage n'a atteint le score de l'élevage idéal (52). Pour le second objectif de cette thèse, nous avions accès aux données de qualité du lait de seulement 74 élevages de la base de données EBBEL, ceux qui ont été inclus dans cette partie de l'étude. La qualité du lait a été statistiquement comparée entre le quartile supérieur et le quartile inférieur des scores de BEA. Aucune association entre le BEA et la qualité du lait n'a été mise en évidence. Cependant, on ne peut exclure l'absence de biais ou un défaut de puissance. Finalement, on ne peut conclure avec certitude sur le lien entre qualité du lait et niveau global de bien-être des brebis laitières dans le bassin du Roquefort. Ainsi, dans les conditions retrouvées dans la région du Roquefort, il ne serait pas recommandé d'utiliser le lien entre le BEA global et la qualité du lait comme argument pour inciter les éleveurs à prendre en compte le bien-être animal dans sa globalité.[-]