Le paracétamol est un toxique très fréquent en médecine vétérinaire, notamment chez le chien et le chat. Les animaux sont d'autant plus exposés à ce toxique car il s'agit d'un médicament très courant en officine humaine française. En premier lieu, une étude bibliographique portant sur le mécanisme d'action du paracétamol, son usage en médecine vétérinaire, le tableau clinique présent chez l'animal intoxiqué et la prise en charge thérapeutique lors d'intoxication seront présentés. En deuxième lieu, une étude rétrospective sur le plan épidémiologique sera menée, portant sur 1038 appels reçus au CAPAE-Ouest. L'étude épidémiologique révèle que les jeunes animaux sont les plus exposés au toxique avec une majorité de jeunes chiens. La modalité d'ingestion est dépendante de l'espèce et de l'âge des animaux : l'ingestion accidentelle est prédominante chez les chiens alors que les chats sont autant exposés par automédication que par ingestion accidentelle. En troisième lieu, une étude clinique menée sur 502 appels reçus au CAPAE-Ouest révèle que la symptomatologie dépend de l'espèce. Les chats étant très sensibles au paracétamol, la symptomatologie est sévère peu importe la dose ingérée de paracétamol (dés 10 mg/kg) avec une atteinte hémodynamique pouvant mener au décès de l'animal. Chez le chien, la symptomatologie est fréquemment peu sévère mais des cas sévères ayant conduit à la mort sont observés. Les troubles rapportés sont essentiellement digestifs avec une atteinte de l'état général pouvant traduire une atteinte hépatique. Les signes cliniques se développent dans les 12 premières heures en moyenne. La dose toxique observée chez le chien est de l'ordre de 180 mg/kg. Cette étude a donc permis d'établir un profil épidémio-clinique par espèce et propose une conduite à tenir en cas d'exposition selon l'âge, la dose ingérée et l'espèce exposée au paracétamol.[-]

L'un des appels les plus réguliers dans le centre antipoison vétérinaire de l'ouest concerne les expositions au paracétamol chez le chien et le chat. Lors de l'appel, le CAPAE transmet un protocole thérapeutique. Cependant après avoir raccroché avec les praticiens, aucune donnée sur l'utilisation du protocole n'est transmise. L'objectif majeur de cette étude grâce à un questionnaire destiné aux cliniciens est de dresser un bilan sur les pratiques des vétérinaires face à une exposition au paracétamol, dans un contexte d'un surdosage aigu chez les chiens et les chats. Il s'agit également d'évaluer l'observance des recommandations théoriques émises par le CAPAE-Ouest en termes de prise en charge thérapeutique, ainsi que d'aborder l'aspect de son d'efficacité. Il apparait que notre panel met en place une décontamination digestive essentiellement chez les chiens et un traitement NAC de manière quasi-systématique chez les deux espèces lors d'exposition au paracétamol. Chez les chats symptomatique leur protocole semble souvent associé à de l'acide ascorbique. Par ailleurs, une variabilité thérapeutique en termes de fréquence et de durée est observée. Dans notre étude ces fluctuations n'impactent pas la rémission du patient. Une remise en question sur l'utilisation systématique du protocole NAC chez les chiens est également évoquée dans cette étude.[-]

Le paracétamol, ou acétaminophène, est le médicament le plus couramment utilisé en médecine humaine pour ses propriétés anti-pyrétiques et analgésiques. En médecine vétérinaire, ses propriétés ainsi que sa métabolisation sont variables selon les espèces. Les posologies thérapeutiques d'administration sont comprises entre 10 et 30 mg/kg chez le chien, le cheval, le porc, la volaille. À dose thérapeutique, on décrit notamment des propriétés analgésiques sur les douleurs ostéo-articulaires chez le chien, le cheval, le porc et le rat et sur les douleurs neuropathiques chez le rat ; des propriétés anti-inflammatoires chez le chien et le rat ; un effet anti-pyrétique chez le rat, le chien et le porc ; des propriétés anti-arythmiques chez le chien ou encore un effet protecteur contre le phénomène d'ischémie-reperfusion chez le rat, le porc et le chien. En France, seul une AMM existe en médecine vétérinaire, le PRACETAM NDV, utilisé chez le porc pour ses propriétés anti-pyrétiques lors d'infections respiratoires. Lors de surdosage, des effets secondaires sont à surveiller et peuvent varier selon les espèces. On notera que l'administration de paracétamol est à proscrire chez le chat puisque des symptômes peuvent apparaitre dès une administration de 10 mg/kg. En cas d'intoxication, l'examen clinique montrera des anomalies respiratoires, de l'ictère, des troubles gastro-intestinaux et les examens complémentaires mettront en évidence une insuffisance hépatique et rénale aigue, une hématotoxicité avec méthémoglobinisation par développement de corps de Heinz chez le chien et le chat, augmentation des ALAT et des PAL, effondrement des paramètres de la coagulation, hyperbilirubinémie, anémie, leucocytose, lymphopénie ... De nombreux traitements existent à l'heure actuelle ou sont toujours en cours d'étude dont le N-acétyl-cystéine, l'acide ascorbique, les antagonistes aux récepteurs histaminiques, le S-adénosyl-L-méthionine ou le bleu de méthylène. L'utilisation du paracétamol reste limitée chez les praticiens français. A l'inverse, certains pays anglo-saxons ont réussi à intégrer le paracétamol dans leur arsenal thérapeutique en cas de douleur modérée ou de contre-indication à l'administration d'anti-inflammatoires non stéroïdiens. L'utilisation du paracétamol pourrait à l'avenir constituer une véritable alternative, mais doit passer par une meilleure formation sur les utilisations et les risques associés à son administration.[-]