Les écosystèmes étant en constante évolution, les adaptations physiologiques et comportementales sont d’importance majeure pour répondre à un environnement changeant. Le Microcèbe gris (Microcebus murinus) est une espèce endémique de l’île de Madagascar où il existe d’importantes variations environnementales liées à la saison et au phénomène El Niño. L’exploitation des ressources alimentaires requiert donc, chez cette espèce arboricole, une importante capacité de mémorisation spatiale, mais aussi des capacités d’adaptation à cet environnement changeant. Nous avons étudié les capacités cognitives des microcèbes suite à une restriction calorique de 40 % pendant 19 jours ou une supplémentation en Omega-3 pendant un an. Nous avons ainsi pu mettre en évidence un déficit de mémoire à long terme lors de la restriction calorique sans modification des capacités motrices, de la glycémie ni de la cétonémie. Nous avons également remarqué que les individus supplémentés en Omega-3 semblent moins pressés de retourner dans leur nichoir après le test d’exploration que les individus témoins, ce qui évoque une faible anxiété. La restriction calorique entraîne également une augmentation de l’activité physique et du métabolisme. Des événements écologiques ayant pour conséquence la raréfaction des ressources alimentaires peuvent donc entraîner des déficits cognitifs et donc un risque pour la survie de l’animal, notamment par la difficulté de retrouver les sites habituels de nourrissage. Une restriction calorique modérée à court terme tout comme une supplémentation chronique en Omega-3 n’apparait pas, d’après nos résultats, favorable à l’optimisation des performances cognitives chez le Microcèbe gris. Ces deux états nutritionnels ne semblent pas bénéfiques sur le plan de la santé, tout du moins d’un point de vue cognitif, mais d’autres recherches restent à effectuer sur les Primates pour le vérifier.