Les kisspeptines sont des peptides synthétisés par l’hypothalamus, les gonades, le placenta et d’autres organes périphériques. Découvertes grâce à leurs propriétés antimétastatiques, ces molécules sont apparues comme possédant des rôles essentiels dans la reproduction humaine et animale. Ce travail présente ainsi une synthèse des connaissances actuelles quant à la place que tiennent les kisspeptines dans la reproduction des mammifères ainsi que les perspectives de recherches et d’utilisation de ces molécules en médecine humaine et vétérinaire. Au sein de l’hypothalamus, les kisspeptines ont deux fonctions fondamentales : le déclenchement de la puberté et le contrôle de la sécrétion de GnRH. De par leurs projections sur les neurones à GnRH, les neurones à kisspeptines relaient les rétrocontrôles positifs et négatifs effectués par les stéroïdes sexuels sur l’axe hypothalamo-hypophysaire et sont responsables de la sécrétion pulsatile et de la génération du pic de GnRH. Les kisspeptines agissent également dans les gonades en régulant leurs fonctions endocrines et la gamétogenèse. De plus, elles rendent possible l’implantation correcte de l’embryon et sont des intermédiaires neuronaux lors de la lactation. Enfin, ces molécules sont au carrefour entre la fonction reproductive, l’organisme et le milieu extérieur. De fait, les kisspeptines permettent l’intégration des signaux métaboliques et modulent la reproduction en conséquence. Elles jouent également un rôle, chez les espèces saisonnières, dans le contrôle de la reproduction par la photopériode. Ces molécules seraient aussi impliquées dans diverses maladies telles que certains troubles de la puberté ou le syndrome des ovaires polykystiques et seraient des cibles pour les perturbateurs endocriniens. L’importance de ces molécules dans la reproduction a suscité de nombreuses études quant à des utilisations diagnostiques, thérapeutiques ou zootechniques. Ainsi, la recherche pharmacologique a permis de développer des molécules aux actions agonistes ou antagonistes des kisspeptines et dont on peut envisager l’utilisation future dans les techniques de procréation médicalement assistée ou bien dans la lutte contre le cancer de la prostate. Enfin, les kisspeptines pourraient être utilisées afin d’améliorer la maitrise de la reproduction des animaux d’élevage et de développer de nouvelles techniques non chirurgicales de suppression de la fertilité chez les carnivores domestiques.