La rage tue encore une personne toutes les dix minutes dans le monde selon les données de l’Organisation mondiale de la santé animale. Il s’agit d’une zoonose virale mortelle, à répartition mondiale, pouvant affecter tous les mammifères et dont le principal réservoir est le chien. La France métropolitaine a obtenu le statut indemne de rage des mammifères non volants en 2001, pourtant 13 cas de rage importée ou d’origine importée ont été recensés depuis, principalement en lien avec le non-respect de la réglementation relative à la rage et l’introduction illégale de carnivores domestiques. Cette thèse s’interroge sur les connaissances en matière de rage et sur la perception du risque rabique par des propriétaires d’animaux de compagnie (chiens et chats). Une enquête, sous forme de questionnaire, a été réalisée auprès de 101 propriétaires de chiens et de chats clients du Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire d’Alfort, entre octobre 2014 et avril 2015, visant à faire un état des lieux de leur niveau de connaissance sur la rage, de leur capacité à apprécier le comportement de leur animal de compagnie et pour évaluer leur propre comportement face à un animal inconnu. Les résultats de cette étude attestent d’un réel manque de connaissances en matière de rage et d’une sous-estimation du risque rabique par les propriétaires interrogés. En effet, 70,3 % des personnes interrogées ignorent que la rage est inéluctablement mortelle après apparition des premiers symptômes chez leurs animaux de compagnie et 88,1 % ignorent qu’il en est de même pour l’Homme. L’excrétion pré-symptomatique du virus rabique est également un élément peu connu (64,4 % d’ignorance), tout comme les autres modes de transmission que la morsure (75,2 % d’ignorance), et le fait que le chien soit le réservoir principal du virus rabique pour l’Homme (89,1 % d’ignorance). Une évaluation globale des connaissances générales sur la rage des propriétaires de l’enquête montre que trois quarts des participants ont obtenu une note inférieure à la moyenne de 5/10. Par ailleurs, l’enquête montre que 67,3 % des propriétaires de l’étude font probablement erreur quant à l’interprétation du comportement de leur animal de compagnie en termes d’agressivité ou de non agressivité (seulement 32,7 % de corrélation correcte). Enfin, près de la moitié des propriétaires interrogés (47,5 %) ont tendance à rechercher un contact avec un animal inconnu croisé dans la rue. Tous ces résultats suggèrent que de manière générale le grand public est probablement peu averti du danger que représente la rage. Cette enquête renforce l’idée de la nécessité de communiquer sur la rage auprès du grand public afin de sensibiliser les personnes à cette zoonose mortelle, dans l’intérêt de leur propre santé et de celle de leur entourage, de la santé de leur animal et plus généralement de la santé publique et du maintien du statut indemne de la France. Il est primordial de prévenir les risques de réintroduction de la rage des mammifères non volants en France par le biais des voyages à l’étranger des animaux de compagnie (chats et chiens) et de l’introduction illégale de carnivores domestiques en France à partir des pays d’enzootie rabique.