La caudophagie en élevage porcin représente une problématique majeure de bien-être et de santé animale. Selon les études, il est estimé que 30 à 70% des élevages porcins seraient concernés par ce phénomène en Europe. La maîtrise des nombreux facteurs de risque constitue la méthode prioritaire de prévention de la caudophagie. En cas de morsure, la mise en place d'un élastique sur la queue lésée est parfois appliquée comme mesure complémentaire, afin de prévenir le risque d'infection ascendante, stopper le saignement et ainsi diminuer les morsures de queue. Il n'existe actuellement pas de données scientifiques permettant d'évaluer l'intérêt de cette technique. Une enquête documentée par 74 vétérinaires praticiens a dans un premier temps révélé que 49% d'entre eux y avaient déjà eu recours. Dans un second temps, une étude a été conduite afin de vérifier l'intérêt de cette technique pour limiter la caudophagie ainsi que pour déterminer l'impact de la pratique per se sur les animaux en terme de douleur. Cinq élevages présentant des problèmes de cannibalisme ont été sélectionnés. Dans chaque élevage, des binômes de porcs mordus ont été constitués, comprenant un animal témoin et un animal traité, les deux ne différant que par l'application d'un élastique à la limite entre la queue saine et la partie lésée. Les porcs ont été appariés en fonction du stade lésionnel, de la salle et de la case. Des observations comportementales et cliniques individuelles ont été réalisées à J0, J1, J7 et J28, et ont révélé que la pose d'élastique est une méthode génératrice de douleur aiguë. Elle semble cependant diminuer les morsures de queue : cela s'est objectivé par moins de traces de sang frais. Un prolongement de cet essai sur un échantillon plus grand permettra de confirmer ces premiers résultats. Si cette méthode s'avère efficace, il serait intéressant d'évaluer les effets de l'administration d'un analgésique sur les signes de douleur aiguë provoqués par l'élastique.[-]