Le milieu naturel représente un environnement changeant auquel les individus font face en adaptant leur comportement. Les capacités cognitives, définies comme l'ensemble des processus par lesquels les animaux collectent, retiennent et utilisent les informations de leur environnement, jouent un rôle majeur dans leur flexibilité comportementale. Tester ces capacités cognitives en milieu sauvage implique de prendre en considération de nombreux facteurs individuels internes, généralement contrôlés en captivité, qui peuvent influencer les performances cognitives. Nous avons étudié les effets de l'attention (mesurée par l'orientation de la tête) et du temps passé à interagir avec le dispositif expérimental sur la performance cognitive, en présentant pour la première fois une tâche d'apprentissage par association sur un écran tactile en milieu sauvage chez des singes vervets (Chlorocebus pygerythrus). Nous avons montré que lorsque les singes portaient leur attention sur l'écran au moment de la tâche, ils réalisaient significativement plus de réponses correctes. Un niveau d'attention plus élevé était également corrélé à une utilisation du museau plus fréquente pour toucher l'écran. Nous avons constaté qu'en fonction du niveau de performance des individus, un temps plus long passé à interagir avec l'écran était lié à une meilleure performance, tandis que le temps passé à regarder l'écran sans interagir avec lui diminuait au fil des sessions. Ces résultats soulignent l'importance de prendre en compte l'influence des facteurs attentionnels pour conclure à une différence de capacités cognitives entre individus ou espèces. L'analyse plus fine des variations de performances entre différents individus d'une même espèce permettrait d'enrichir nos connaissances sur les forces évolutives qui agissent sur les facultés cognitives.[-]