En France, le hamster commun (Cricetus cricetus) est une espèce protégée en danger critique d'extinction. Bien que les maladies chez cette espèce soient mal documentées, elles pourraient avoir un impact significatif sur la dynamique des populations, en particulier lorsque celles-ci sont petites et fragmentées. La détection précoce des problèmes de santé émergents dans les populations sauvages de hamsters est donc cruciale. Nous avons développé une nouvelle méthode de détection précoce des maladies chroniques ou subaiguës dans les populations sauvages de hamsters, basée sur le piégeage photographique opportuniste. En analysant les photographies recueillies entre 2010 et 2023 (issues de diverses expériences et suivis), classées par année, saison, commune et terrier, nous avons pu déterminer l'évolution spatio-temporelle des terriers abritant des individus présentant des lésions. Nos résultats révèlent que les lésions cutanées, oculaires et les faibles notes d'état corporel sont les trois principales familles lésionnelles observées. Sur l'ensemble de la période étudiée, aucune différence significative n'a été relevée entre les zones où les hamsters provenaient d'élevages et celles où ils étaient sauvages (p = 0.09). Toutefois, l'année 2021 a montré une proportion significativement plus élevée d'événements positifs par rapport aux autres années (p = 0.01), en corrélation spatiale avec les lâchers de hamsters d'élevage, bien que cette observation reste à ce jour inexpliquée. L'analyse des photographies par un biologiste a démontré une capacité d'analyse satisfaisante (d'environ 80 % de justesse lésionnelle), ce qui soutient l'extension de cette méthode à une plus grande échelle. Étant donné que ce projet est né en réaction à des photographies de hamsters présentant des signes d'alopécie, que l'on a diagnostiqué comme étant des lésions de dermatophytose, nous allons déterminer, dans un second temps, la présence de dermatophytes chez cette espèce à la fois en milieu sauvage et en captivité (enclos VINCI, laboratoire CNRS et SFS). Nous avons exploré l'association potentielle entre le portage de cet agent pathogène et la présence de lésions cutanées, et une potentielle dissémination par les élevages de ce pathogène. Nos résultats montrent que la prévalence de T. mentagrophytes s'élève à 36% [IC 95% : 21%-51%], indiquant qu'environ un hamster sur trois est porteur en milieu extérieur. Aucune association significative n'a été trouvée entre le portage de T. mentagrophytes et l'âge (p = 0.1346) ni entre ce portage et la présence de symptômes cutanés (p = 0.073). Enfin, les élevages ne semblent pas disséminer le pathogène en milieu sauvage. Cette étude sur les dermatophytes illustre l'approfondissement possible du suivi sanitaire par analyse photographique par une investigation plus poussée des signes cliniques observés en photographie. Il reste encore à perfectionner les protocoles et à intégrer cette méthode dans les pratiques quotidiennes des biologistes. Néanmoins, ces résultats prometteurs mettent en évidence l'intérêt d'une surveillance syndromique pour la conservation du Hamster commun.[-]