La gestation s'accompagne d'un remodelage vasculaire intense dans certains territoires périphériques tels que l'utérus. Au niveau de l'encéphale de la future mère, elle s'accompagne d'une plasticité neuronale importante, mais le comportement du réseau vasculaire plus spécifiquement est mal connu. De manière générale, l'architecture du réseau vasculaire cérébral est considérée comme stable chez l'adulte en conditions physiologiques. Toutefois des indices croissants convergent vers l'existence possible d'une plasticité vasculaire cérébrale adulte sous certaines conditions. L'objectif de ce travail de thèse était de mettre à profit les nouvelles techniques de reconstruction cérébrovasculaire pour révéler une éventuelle plasticité vasculaire induite par la gestation dans l'encéphale de la souris adulte, et le cas échéant d'en étudier les mécanismes sous-jacents. Cette étude a permis de mettre en évidence l'existence de remaniements vasculaires dans l'encéphale en gestation chez la souris, notamment dans l'aire pré-optique médiane (MPO), une région hypothalamique participant au contrôle des comportements maternels. La densification du réseau vasculaire y était associée à la présence de cellules de front, une structure d'exploration typique d'un remodelage vasculaire, et de cellules endothéliales en prolifération. Ces résultats réunis ont suggéré un processus d'angiogenèse par bourgeonnement dans la MPO pendant la gestation. Malgré cette plasticité, aucune rupture de l'étanchéité de la barrière hématoencéphalique n'a pu être mise en évidence. La progestérone seule ne semblait pas être un signal suffisant pour reproduire les effets de la gestation sur le réseau vasculaire de la MPO. Quant aux voies de signalisation concernées, elles impliquent probablement les astrocytes, connus pour libérer des facteurs de croissance vasculaire. Cette étude représente une avancée conceptuelle majeure, dans la mesure où elle révèle une plasticité inattendue du réseau vasculaire cérébral en conditions physiologiques. Le réseau vasculaire cérébral n'est pas aussi statique qu'on le considérait jusqu'à présent, et il est essentiel de poursuivre l'étude de sa plasticité, qui pourrait avoir une implication insoupçonnée dans la modulation des fonctions cérébrales, mais aussi dans certaines affections.[-]