L'urbanisation en Afrique est un processus majeur et rapide, favorisant des zones précaires où les interactions entre humains et rongeurs commensaux, souvent porteurs d'agents pathogènes (parfois zoonotiques), s'intensifient. Elle s'accompagne aussi d'une pollution amplifiée liée aux activités humaines. Considérer les interconnexions du vivant dans l'écosystème urbain permettrait de développer de nouveaux indicateurs de risque liés à l'exposition aux polluants. Intégrer la santé animale et environnementale dans un cadre unique apparaît crucial pour garantir un futur urbain durable. Dans cette étude exploratoire, basée sur une comparaison entre populations rurales et urbaines de la souris domestique Mus musculus domesticus, nous avons évalué (i) les concentrations de 27 éléments minéraux (pouvant être toxiques) et les niveaux d'infestation par les helminthes gastro-intestinaux, et (ii) l'existence de liens entre ces éléments minéraux et l'infestation par les helminthes sur le gradient urbain–rural. Nos résultats montrent des différences significatives entre populations urbaines et rurales de souris, tant pour la concentration en éléments minéraux que pour la composition des communautés d'helminthes. Nous avons mis en évidence une corrélation positive originale entre concentration en molybdène et probabilité d'infestation par les helminthes chez les souris urbaines. Outre leurs implications bioécologiques, ces résultats ont soulevé des questions méthodologiques, encouragé des collaborations interdisciplinaires et souligné l'importance d'une approche One Health pour aborder la santé des écosystèmes.[-]