Le système immunitaire permet la protection de l'organisme en éliminant de multiples agents pathogènes. Or, ces mécanismes protecteurs, s'ils sont retournés contre l'hôte, peuvent être délétères. La tolérance immunitaire définit ainsi la capacité du système immunitaire à mettre en place une réponse immunitaire efficace contre les agents pathogènes, tout en empêchant le système immunitaire de s'attaquer « au soi ». Dans les maladies auto-immunes, il y a rupture de cette tolérance immunitaire avec production de lymphocytes auto-réactifs et/ou d'autoanticorps. Plus d'une centaine de maladies auto-immunes sont décrites chez les animaux. Les maladies auto-immunes spécifiques d'organe sont localisées au niveau d'un seul tissu. Afin d'étudier le rôle et l'intérêt du dosage des autoanticorps dans ces maladies, six maladies, dont les autoanticorps ont été bien identifiés et dont le dosage peut être réalisé, sont décrites dans ce manuscrit. Ainsi, le diagnostic de certitude de myasthénie grave repose sur la mise en évidence d'autoanticorps anti-récepteurs à l'acétylcholine. Dans le cas de la thyroïdite auto-immune, les autoanticorps mis en évidence sont les autoanticorps anti-thyroglobulines, les anticorps dirigés contre les hormones thyroïdiennes thyroxine et triiodothyronine et ceux dirigés contre la peroxydase thyroïdienne. Bien décrits, ils ne modifient pas la prise en charge de la maladie et sont ainsi peu recherchés en médecine vétérinaire. Le diagnostic de pemphigus foliacé et de pemphigus vulgaire est lui réalisé par histopathologie et le dosage des autoanticorps, bien identifiés dans la maladie, est peu réalisé en pratique. Cependant, il pourrait présenter un avantage car ce dosage serait une méthode moins invasive que la biopsie cutanée. Les autoanticorps retrouvés dans les cas de diabète sucré auto-immun chez le chien sont identifiés et identiques à ceux retrouvés chez l'homme : autoanticorps dirigés contre les cellules des îlots, l'insuline, la proinsuline, la décarboxylase 65 de l'acide glutamique intracellulaire (GAD65) et l'autoanticorps antigène 2 associé à l'insulinome (IA2). En médecine humaine, leur dosage peut être utilisé dans certains cas complexes mais les recommandations actuelles ne préconisent pas leur dosage chez le chien. Les autoanticorps présents dans les cas d'hypoadrénocorticisme primaire auto-immun n'auraient pas de rôle pathogénique. Bien que leur dosage soit utilisé dans le diagnostic étiologique de la maladie chez l'homme, il n'est pas réalisé en pratique chez l'animal. Enfin, le dosage des autoanticorps anti-fibre 2M peut être réalisé et permet la confirmation du diagnostic de myosite des muscles masticateurs chez le chien lorsque des signes cliniques sont associés. Ainsi, même si le dosage des autoanticorps est encore peu réalisé en pratique courante en médecine vétérinaire, le développement de ces dosages pourrait présenter un intérêt diagnostique dans les maladies auto-immunes spécifiques d'organe mais des études portant sur de plus grands échantillons restent à réaliser.
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Le système immunitaire permet la protection de l'organisme en éliminant de multiples agents pathogènes. Or, ces mécanismes protecteurs, s'ils sont retournés contre l'hôte, peuvent être délétères. La tolérance immunitaire définit ainsi la capacité du système immunitaire à mettre en place une réponse immunitaire efficace contre les agents pathogènes, tout en empêchant le système immunitaire de s'attaquer « au soi ». Dans les maladies auto-immunes, ...