La placentation, de type syndesmochorial, chez les bovins empêche les échanges d'immunoglobulines lors de la gestation. Le transfert d'immunité passive de la mère au veau, se fait via le colostrum lors des premières heures de vie. Les oligoéléments participent au bon fonctionnement du système immunitaire (synthèse des immunoglobulines, phagocytose). Leur passage au veau pendant la gestation ou via le colostrum est donc majeur. L'étude, menée rétrospectivement sur 15 élevages de vaches allaitantes dans le Cantal, fait ressortir que le % Brix sérique des veaux après tétée du colostrum (50% des veaux sont sains au-dessus de 9,1%) et la supplémentation de la mère en oligoéléments (protectrice pour le sélénium et le zinc) ont un rôle dans l'apparition d'événements sanitaires préjudiciables chez les veaux (diarrhées, pneumopathies, omphalites et autres). La bonne maîtrise du transfert a un intérêt économique pour l'éleveur (meilleur GMQ, moins de traitements sur les veaux).[-]

L'omphalite est la 3ème affection néonatale du veau la plus rencontrée. Elle est responsable de pertes économiques non négligeables en élevages allaitants. Une étude de cohorte prospective a été réalisée afin d'évaluer les facteurs de risque d'omphalites en élevage allaitant, dans le Nord du Cantal. Parmi les facteurs de risque, une attention particulière a été portée sur le transfert de l'immunité passive du veau. Au total 964 veaux ont été suivi dans 22 élevages de vaches de race Salers, Aubrac, Aubrac x Charolais ou Salers x Charolais durant une saison de vêlage (novembre 2020 à mars 2021). Par veau, une première visite (veaux entre 1 et 5 jours d'âge) a permis de collecter : anamnèse et commémoratifs, échantillon de sérum, et si possible de colostrum sur les mères, afin d'évaluer la qualité du transfert de l'immunité passive. Une deuxième visite (7 jours après la première) a permis de suivre l'évolution des structures ombilicales internes et externes. La prévalence globale des omphalites dans cette étude était de 34% (326 / 964) (11% avaient une omphalite a la première et à la deuxième visite, 12% à la première mais pas à la deuxième : omphalite « précoce », et 9% n'en avait pas à la première mais en avait une à la deuxième : omphalite « tardive »). Les veaux mâles avaient 2.6 fois plus de risque de développer des omphalites que les femelles. La prévalence des omphalites est 2 fois plus importante pour les veaux avec un poids supérieur à 50kg. Les veaux nés avec un cordon ombilical strictement inférieur à 3 cm ont 1,7 fois plus de risque que les veaux nés avec des cordons ombilicaux de longueur supérieure. Un lieu de vêlage sale et humide augmente de 1,8 et 2,1 fois les risques d'omphalites, respectivement. Les veaux nés de primipares ont 1,4 fois plus de risque de développer une infection du nombril que les veaux issus de multipares. Enfin, l'absence de désinfection du cordon ombilical augmente de 2,3 fois le risque d' omphalite. En revanche, la qualité du transfert de l'immunité passive n'est pas un facteur de risque d'occurrence d'omphalites (seuil de défaut de transfert utilisé dans le sérum : < 8,9 % Brix). Cette étude confirme la prévalence élevée et donc l'importance des omphalites en élevage allaitant, et met en avant l'impact de certains facteurs sur le développement d'infections ombilicales « précoces » et d'autres sur les infections plus « tardives ». Toutefois, les conditions d'hygiènes autour du vêlage constituent un point d'action majeur pour prévenir ce type d'affection.[-]

La mise en place de l'immunité chez le poulain est une étape primordiale dès sa naissance. En effet, il naît presque agammaglobulinémique : il ne possède pas d'anticorps maternels et propres. Il est donc sensible aux agents pathogènes qui l'entourent. C'est pourquoi le transfert d'immunité doit être rapide, complet et immédiat après la naissance. Ce transfert est possible grâce au colostrum produit par la jument et disponible dès la mise-bas. On parle de transfert passif de l'immunité. Pour qu'elle soit efficace, l'ingestion du colostrum doit se faire dans les premières heures de vie du poulain, lorsque la capacité d'absorption des immunoglobulines est maximale. Lorsqu'il n'est pas possible de donner du colostrum de la mère, il est possible d'utiliser des solutions alternatives telles que le colostrum de jument congelé ou encore des produits de synthèses afin que le poulain reçoive au minimum 2 litres de colostrum avec une concentration en IgG minimale de 60 g/l dans les 8 premières heures de vie. Dans cette étude, nous souhaitions étudier l'impact de la lyophilisation sur la conservation des immunoglobulines dans le colostrum de jument afin de proposer une nouvelle alternative pour la mise en place de l'immunité chez le poulain. Pour cela, 42 colostrums ont été récoltés auprès d'éleveurs et ont été lyophilisés. Nous avons pu ainsi obtenir 481 flacons lyophilisés nous permettant de tester plusieurs critères tels que l'environnement de conservation ou encore le solvant utilisé pour la resolubilisation. L'étude a montré que le procédé de lyophilisation ne semble pas affecter la conservation des IgG dans le colostrum et que les concentrations en IgG semblent rester stable dans le temps. La méthode de conservation (obscurité ou lumière) et le solvant de resolubilisation (eau ou PBS à 37°C) ne semblent pas avoir d'impact sur la concentration en IgG du colostrum reconstitué.[-]