La sédation chez le chat est nécessaire à la réalisation de nombreux actes en médecine vétérinaire. Néanmoins, elle est à l'origine d'effets non recherchés et l'administration de médicaments sédatifs est une source de stress importante pour l'animal, qui plus est pour l'espèce féline. Notre étude a pour but de décrire la faisabilité de l'administration intranasale (gouttes et atomisation) de dexmédétomidine chez le chat, puis d'évaluer les effets sédatifs, cardiovasculaires et respiratoires dont elle est à l'origine, en comparaison à une administration intramusculaire. Cette étude expérimentale prospective a été réalisée sur 26 chats mâles, entiers, présentés au CHUVAC pour une castration chirurgicale. Les chats ont été répartis en trois groupes recevant 20 μg/kg de dexmédétomidine par voie intramusculaire (IM), par voie intranasale sous forme de gouttes (INg) ou par voie intranasale par atomisation (INa). Divers paramètres cliniques et instrumentaux ont été suivis sur la période de prémédication, au moment de l'extubation et toutes les 10 min, pendant l'heure qui a suivi l'extubation. Une analyse statistique a été réalisée afin de comparer les paramètres au cours du temps, au sein des groupes mais également entre les groupes. L'administration par voie intranasale par gouttes et par atomisation se révèle aussi facile à mettre en place que l'administration intramusculaire et ne semble pas engendrer de douleur. Néanmoins, des effets non recherchés immédiats, notamment des vomissements, sont majorés par l'administration intranasale. La mise en place des effets sédatifs ainsi que le pic sédation sont atteints le plus rapidement, respectivement après une administration IM, INa et INg (5 min [IM], 10 min [INa], 15 min [INg]). La durée de la sédation est plus longue en IM, résultant en une plus grande proportion de chats nécessitant une antagonisation des effets sédatifs résiduels. Le pic de diminution de la fréquence cardiaque, par rapport à T0, est significativement plus marqué suite à une administration IM. Quel que soit le mode d'administration, on note un pic d'hypertension artérielle, par rapport à la valeur basale, plus marquée pour le groupe IM. Il n'y a pas de différence significative concernant la couleur des muqueuses, le temps de recoloration capillaire, la fréquence respiratoire ou la SpO2. Aucun effet secondaire retardé, après l'intervention n'a été observé dans les groupes. L'administration intranasale de dexmédétomidine, qui plus est par atomisation, est donc une bonne alternative à l'administration intramusculaire car elle produit une sédation de même intensité tout en minorant les effets cardiovasculaires non recherchés.[-]